COUTUMES DE NOËL

Le carême de Noël commence 40 jours avant Noël et possède deux aspect : spirituel et corporel. L’aspect spirituel du carême est l’abstinence de pensées et conduites mauvaises. L’autre aspect est une abstinence totale de nourriture d’origine animale (viande, lait et produits laitiers, œufs). Le poisson est autorisé seulement certains jours.

La veille de Noël, tôt le matin, le père de famille part chercher des « badnjak » (rameaux de jeune chêne) qui est introduit dans la maison lors du couchée du soleil, pour le réveillon de Noël. Le dîner de réveillon suit les règles strictes du carême. La galette, préparée sans levure, n’est pas coupée avec un couteau, mais morcelée avec les mains. Il y a aussi du poisson, du miel, du vin, des haricots « prebranac », des noix, des pommes, poires, pruneaux, dattes, fruits secs, amandes, noisettes.

La fin du carême est le jour de Noël que les Serbes fêtent selon le calendrier julien et il tombe le 7 janvier. Polozajnik est la première personne qui entre dans la maison ce matin-là et selon une croyance populaire, elle apporte le bonheur à la maison. Il salue la famille en disant « Le Christ est né ! », et en réponse les membres de la famille lui disent « Il est né ! ».

Le repas de Noël est très solennel et il est obligatoirement composé de certains plats traditionnels qui ne sont préparés que pour ce jour – le rôti de Noël (cochon de lait grillé) et cesnica – galette de farine de blé contenant une pièce et morcelée avec les mains. Celui qui trouve la pièce dans sa part aura une année heureuse !.


Badnji dan et Badnjak, tradition du feu de prospérité

Noël est pour les Serbes la plus joyeuse et l’une des plus grandes fêtes chrétiennes. En célébrant le souvenir de la Naissance de Jésus-Christ, notre peuple a développé une multitude de coutumes qui symbolisent la naissance d'une nouvelle vie, la santé et l’abondance de biens. Le but principal de tous les rituels qui sont dédiés à Noël se résume dans le toast « Donne, Seigneur, de la santé et du bonheur à cette maison, que les enfants naissent en bonne santé, que la récolte de maïs et de vigne soit bonne, que le bétail se multiplie! » Noël est une fête de trois jours, ou plutôt quatre, avec le Réveillon de Noël, qui marque la fin de quarante jours de jeûne. Noël est célébré principalement à la maison, en famille. Dans notre pays, la célébration de Noël est un mélange harmonieux de coutumes religieuses et populaires.

Oj badnjace

Oj, badnjače badnjače, ti naš stari rođače,
Dobro si nam došao i u kuću ušao
Mili srpski badnjače, ti naš stari rođače,
Badnjače, badnjače, rođače, rođače.

Donosiš nam mnogo srećem, svakog dobra pune vreće.
Ti nam Hrista objavljuješ, Njega slaviš i kazuješ;
Mili srpski badnjače, ti naš stari rođače,
Badnjače, badnjače, rođače, rođače.

Kolko, kolko varnica, tolko, tolko srećica
I toliko ovaca, i toliko jaganjaca;
Mili srpski badnjače, ti naš stari rođače,
Badnjače, badnjače, rođače, rođače.

Hristos nam se rodio, u pećinu spustio
Da svud ljubav posije i ozeble ogrije;
Mili srpski badnjače, ti naš stari rođače,
Badnjače, badnjače, rođače, rođače.

L’ambiance festive de Noël commence le 19 décembre, le jour de Saint Nicolas, et dure jusqu'à plusieurs semaines après Noël, jusqu’au jour de Saint Sava, le 27 janvier. Dans toutes les familles règne la bonne humeur, et les gens, rayonnants de joie et de foi, se pardonnent mutuellement les insultes et oublient les conflits. Selon l’ethnologue serbe Mile Nedeljkovic, l'une des plus belles coutumes de Noël consiste à aspirer à la paix, prévenir la haine et interrompre les querelles entre les gens, et le jour de Noël, au lieu de « bonjour », nous disons : « Que Dieu nous donne la paix, le Christ est né! » en nous serrant la main et en nous embrassant.

La célébration de Noël commence par le Réveillon, le 6 janvier. Ce jour-là, tôt le matin, le maître de maison va dans la forêt bois pour couper l’arbre du Réveillon. De nos jours, et surtout dans les villes, l’arbre et symboliquement représenté par une branche, le plus souvent de chêne. L’arbre du Réveillon est apporté à la maison à la veille de Noël, marquant ainsi le début des festivités. Selon la croyance populaire, l’arbre du Réveillon de Noël doit être coupé par trois puissants coups de hache. Il faut s'assurer également que lorsque l’arbre est coupé, il tombe directement sur le sol, sans heurter l’arbre voisin. Une fois apporté à la maison, l’arbre du Réveillon est placé près de la porte, où il reste jusqu'au soir. Il représente symboliquement le bois apporté par les bergers et utilisé par Joseph pour faire du feu dans la grotte froide où le Christ est né.

Seuls ou plutôt en groupe, en famille, entre amis, ou entre villageois, les Serbes de tous âges dans les campagnes partent à la recherche de branches de chênes séchées, qui seront ensuite brûlées dans la cheminée ou sous la table à la maison, dans les églises ou encore en formant un grand brasier à l’extérieur,  autour duquel se réunissent les familles ou la foule d’anonymes ou de voisins pour préparer et honorer la venue de l’enfant Jésus… Autant de façons d’être en communion et de renforcer les liens entre tous. Le badnjak est l’occasion de formuler les souhaits pour la nouvelle année et la bénédiction est ponctuée notamment par le chant oj badnjace ….

C’est le maître de maison qui apporte l’arbre du Réveillon dans la maison, accompagné de ses fils s’il en a, et avec l’arbre, il apporte aussi le rôti qui marque la fin du jeûne, et de la paille. En entrant dans la maison, le père et les fils saluent la maisonnée en disant : « Bonsoir, joyeux Réveillon de Noël! »Après avoir accueilli à la porte les hommes de la famille, la femme et les filles jettent sur le père des grains de blé et d’avoine, en répondant: « Bonsoir ! Honneur à vous, à l'arbre et au rôti! » Dans les temps anciens, l’arbre du Réveillon était placé au foyer, et de nos jours, il est placé près du four, dans lequel on fait tout de suite brûler une bûche. Lorsqu'il n'y a pas de four, l’arbre du Réveillon de Noël est placé près du rôti. La paille est répandue dans toute la maison, et sous la table de dîner, la maîtresse de maison place des bonbons, des fruits secs, de menus cadeaux, surtout des jouets, que les enfants cherchent en piaillant comme des poussins. Ces « poussins », pareils à ceux que la poule rassemble sous son aile en les réchauffant de son amour maternel, représente symboliquement la communauté chrétienne que le Christ est venu rassembler et réchauffer de son amour. La paille éparpillée dans toute la maison le soir du Réveillon de Noël symbolise la paille dans la grotte dans laquelle le Christ est né. Une fois le rôti, l’arbre et la paille apportés dans la maison, les membres de la famille récitent les prières qu'ils connaissent, s’adressent mutuellement les meilleurs vœux et s’attablent pour dîner. Le dîner est maigre, le plus souvent on sert un plat de haricots, du poisson frais ou fumé et d’autres plats sans viande.
Le soir Réveillon de Noël, qui est le lien entre le Réveillon et le jour de Noël, a donné lieu à un dicton. Notamment, pour des personnes liées d'une amitié très forte, on dit qu’elles sont « comme le Réveillon et le jour de Noël ».

PolozajnikDans la matinée de Noël, la première personne qui entre dans la maison est qualifiée de convive spécial ou « premier et seul convive ». Il salue la maisonnée en disant « Le Christ est né », ses hôtes répondent : « En vérité, il est né ». Ensuite il prend une petite branche de l'arbre du Réveillon et remue le bois qui brûle dans le foyer, en disant : « Autant d’étincelles, autant de santé, de bonheur, de joie, d’argent ! » Ceci représente symboliquement les rois mages et leur divination dans les étoiles, les nombreuses étincelles représentent les innombrables étoiles dans le ciel.

Si les foyers géants sont devenus rares, en Serbie, les familles maintiennent volontiers la tradition du badjnak à la table du foyer, d’autant qu’elle est censée apporter bonheur, santé et prospérité. En effet, le soir du Badnjak, le premier invité ou la première personne (même anonyme) qui frappe par hasard à la porte d’une maison, est attendu(e) avec ferveur et chaleureusement accueilli(e), avant d’être nourrie et de recevoir un cadeau. Cette personne est appelée polozajnik et symbolise l’ange arrivant pour annoncer la bonne nouvelle de la naissance de Jésus. Elle rappelle aussi à chacun que l’homme est de passage sur Terre.

Le polozajnik est très important dans le rituel du badnjak, car il apporte la branche de chêne qu’il va faire brûler, en faisant en sorte qu’elle forme des étincelles en se consumant pour que la maison soit bénie et que toutes les personnes présentes soient heureuses et s’enrichissent pendant l’année. Le polozajnik se doit de produire le plus de crépitements et d’étincelles possible – des signes qui sont synonymes d’argent… Le polozajnik ne manque pas aussi de lancer quelques petites pièces dans le brasier pour espérer que l’année sera prospère. Il est temps alors de se réunir à table pour partager le repas de fête de Noël et notamment du vin rouge et du rakija bien sûr! On rompt la Božićna Česnica, la galette de Noël qui peut aussi être un pain rond dans lequel se trouve une pièce d’argent, à l’instar de la fève du gâteau des Rois…

CesnicaLa fête de Noël signifie en Serbie une table abondamment garnie. Le plat principal est le rôti de porc, préparé, selon l'ancienne coutume, le 5 janvier, rôti la veille de Noël, le 6 janvier, et apporté dans la maison la nuit pour attendre le matin de Noël. Après avoir communié à l’église, les membres de la famille mangeront de ce rôti, première nourriture grasse après le jeûne. Dans certaines régions de Serbie, au lieu du porc, on prépare du rôti d’agneau ou de jeune brebis, appelé « joyeux rôti ».
Un élément très important du repas de Noël est la galette, confectionnée avec de la farine, de l'eau et de la graisse, sans levure. Elle est faite le premier jour de Noël, avant le lever du soleil, au son de la première cloche de l'église. Avant le repas principal, les membres de la famille retournent la galette, l'arrosent de vin et la dépècent en autant de pièces qu’il y a de membres de la famille. Une pièce d’or ou d'argent est cachée dans la galette, qui représente symboliquement le don au Christ nouveau-né. Selon la croyance populaire, celui qui trouve cette pièce sera heureux tout au long de l'année.