Notre Saint Père Georges naquit vers le milieu du sixième siècle, au sein d'une pieuse famille de l'île de Chypre. Après la mort de ses parents, désirant embrasser la vie ascétique et échapper à un mariage forcé, préparé par son onde et tuteur, il s'enfuit vers les Lieux Saints pour retrouver son frère aîné, Héraclide, qui vivait en ermite depuis déjà plusieurs années dans la laure de Calamon, sur les rives du Jourdain. Mais, le trouvant encore trop jeune pour mener ce genre de vie, son frère le conduisit au Monastère de la Mère-de-Dieu de Choziba, sur la route de Jérusalem à Jéricho, lequel avait été fondé au cinquième siècle par Saint Jean, Evêque de Césarée (mémoire le 3 octobre). Après avoir reçu la tonsure monastique, il fut confié à un ancien, originaire de Mésopotamie, sévère et injuste; mais il lui était cependant soumis avec douceur, patience et humilité, comme si le Seigneur Lui-même manifestait par lui Sa présence. Un jour, comme il avait tardé à rapporter de l'eau du torrent, son ancien lui asséna, en présence de toute la communauté, un violent soufflet; sa main se trouva aussitôt desséchée et paralysée, et il n'en retrouva l'usage que grâce à la prière de son disciple, devant le tombeau des Saints du Monastère. Saint Georges s'enfuit alors, pour échapper à la vaine admiration des hommes, et se rendit à Calamon, où il partagea pendant de longues années la cellule et l'admirable mode de vie de son frère. Il lui obéissait en tout et le considérait plus comme son père en Dieu que comme son frère selon la chair. N'échangeant jamais une parole superflue, ils persévéraient sans cesse dans la prière et ne se contentaient pour nourriture que de quelques restes, à demi moisis et couverts de vers, qu'on gardait pour eux, d'une semaine à l'autre. La prière de Georges acquit bientôt une telle faveur auprès de Dieu qu'il pouvait faire fructifier un arbre stérile ou approcher sans crainte un lion redoutable. Héraclide s'endormit en paix à l'âge de soixante-dix ans, laissant la réputation d'un parfait modèle d'humilité, et Georges poursuivit seul dans la même cellule sa manière de vivre, tout en restant toujours prompt à servir les frères de la laure.

A la mort de l'Higoumène, les troubles qui agitèrent la communauté pour l'élection d'un successeur poussèrent Georges à quitter Calamon et à regagner, sur un signe de Dieu, le monastère de sa tonsure, Choziba, où l'higoumène Léonce le reçut avec joie et lui assigna une cellule à part, en le laissant mener le genre de vie qui lui convenait. Reclus toute la semaine et gardant strictement secrets ses travaux spirituels, il se joignait à la communauté cénobitique le dimanche, prodiguait alors ses discours utiles à l'âme et recevait avec sollicitude la confession des pensées des frères. Il recueillait quelques restes de la table commune, les faisait sécher au soleil et les utilisait comme nourriture les autres jours, en les trempant dans l'eau. Malgré les nombreux assauts des démons pour le distraire, il ne rompait sous aucun prétexte sa règle de prière et ne prononçait jamais une parole sans avoir une inspiration de Dieu; c'est ainsi qu'il acquit un grand pouvoir contre les esprits impurs.

Malgré sa vie recluse, il restait soucieux du service de ses frères, et le jour où l'on cuisait le pain, il tenait à être chargé de l'entretien du four, d'autant plus brûlant que la chaleur est en cette région insupportable.

Bien qu'il fût dépouillé de tout esprit de jugement, il se lamentait souvent sur la manque de ferveur et de crainte de Dieu des moines de son époque, en comparaison des anciens, sur leurs dissipations pendant l'Office Liturgique, et blâmait surtout les moines qui, estimant avec présomption leurs années passées dans le monastère, traitaient dédigneusement leurs frères laïcs et les pécheurs. «Croyez-moi, disait-il, même si un homme pouvait mettre à neuf le ciel et la terre mais méprisait avec orgueil son prochain, son labeur resterait vain et son lot serait avec les hypocrites. On ne peut approcher de Dieu qu'en étant en paix avec son prochain. Les péchés et les passions ont tous l'orgueil pour source commune et conduisent à la mort; alors que l'obéissance et la soumission au Seigneur sont vie, joie et lumière». Il enseignait à ses moines à se délivrer de leurs passions par la crainte de Dieu, manifestée par le labeur, les larmes, la prière et le jeûne, et les exhortait à rivaliser dans l'humilité, en se gardant de tout jugement ou de toute envie à l'égard d'autrui, afin de parvenir ainsi à la sainte charité, le lien de la perfection (Colossiens 3:14).

A la veille de l'invasion perse de 614, le Saint prédit, à la suite d'une vision, la prise de Jéricho et le siège de Jérusalem. L'Higoumène et les frères eurent ainsi le temps de s'enfuir: les uns en Arabie, les autres. dans des grottes; quant à lui, il ne voulait pas quitter le lieu où Dieu l'avait placé. Ce n'est que sur les instances de ses disciples qu'il accepta finalement de se réfugier à Calamon. La plupart des moines furent découverts par les envahisseurs, massacrés ou emmenés en captivité; Saint Georges imposa cependant le respect aux barbares et fut laissé libre. Il retourna à Choziba où, jusqu'à la fin de ses jours, il demeura en reclus dans l'enceinte du monastère, servi par son fidèle disciple et biographe Antoine. Grâce à ses prières, le monastère ne manqua jamais de pain et d'huile pour la réception des hôtes, malgré les temps de disette et de misère qui suivirent la prise de la Ville Sainte. Ayant atteint un grand âge, il tomba malade et, sentant venir le moment de son départ de cette vie, il fit appeler Antoine. Celui-ci, occupé au service des hôtes, ne pouvait se rendre à son chevet. L'ancien lui fit dire: «Ne te trouble pas, j'attendrai jusqu'à ce que tu aies fini ton service». Quand son disciple arriva, vers minuit, il l'embrassa et dit: «Sors, mon âme! Va vers le Seigneur! » Et il s'endormit.




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