
Valérien, Romain de noble naissance, fut l'époux de la bienheureuse Cécile qui était d'une noblesse égale à la sienne. Sur les exhortations de cette vierge, il fut baptisé, ainsi que son frère Tiburce, par le pape saint Urbain, sous l'empire d'Alexandre Sévère. Almachius, préfet de Rome, ayant appris que les deux frères étaient chrétiens, et qu'après avoir distribué leur patrimoine aux pauvres, ils s'occupaient à ensevelir les corps des fidèles, les lit comparaître devant lui et les reprit sévèrement. Voyant qu'avec une constance invincible ils confessaient la divinité du Christ, disant que les dieux n'étaient que de vains simulacres des démons, il les fit battre de verges Mais ce tourment n'ayant pu les contraindre à révérer la statue de Jupiter, et les deux frères persévérant avec plus de force encore dans la vérité de la foi, ils eurent la tête tranchée au quatrième mille de Rome. Maxime, l'un des officiers du préfet, qui avait été chargé de les conduire au supplice, saisi d'admiration pour leur vertu, se déclara chrétien avec plusieurs autres serviteurs d'Almachius. Ils turent tous mis à mort à coups de fouets garnis de plomb, et de serviteurs du diable qu'ils étaient, devinrent ainsi les martyrs du Seigneur Christ.
Fruits bénis de l'Apostolat de la grande Cécile, nous nous joignons en ce jour aux Esprits bienheureux pour saluer votre entrée dans la cour du souverain Roi. Initié par votre noble épouse, ô Valérien, à la foi du Christ et à la plus sublime vertu, vous la précédez dans les joies célestes ; mais dans quelques mois elle montera près de vous, et l'amour qui vous unissait ici-bas recevra de Dieu sa sanction pour l'éternité. L'Ange vous avait dit sur la terre que vos lis et vos roses ne se flétriraient jamais ; leur parfum d'amour et de pureté est plus suave encore dans les cieux qu'il ne le fut dans notre humble séjour. Associé par le sang et par l'alliance à ces deux anges terrestres, ô Tiburce, vous leur avez dû la palme que vous remportez en ce jour; votre heureuse société est maintenant indissoluble, et vos trois noms sont aussi inséparables au ciel qu'ils le furent sur la terre. Vous n'avez pas tardé à rejoindre, ô Maxime, les deux héros que le glaive immola sous vos yeux. Leur sort excita votre envie, et le Dieu de Cécile ne tarda pas à devenir le vôtre. Vous lui avez donné votre sang ; et en retour, il vous a placé pour jamais près de Cécile, votre mère dans la foi, près de Tiburce et de Valérien, dont la différence des conditions vous eût isolé pour toujours sur la terre.
Maintenant donc, ô saints Martyrs, soyez nos protecteurs, et répondez à nos vœux par des faveurs nouvelles. Attirez nos cœurs en haut, et parlez de nos besoins à votre Roi immortel. Vous qui fûtes ses vaillants chevaliers, rendez-nous généreux à votre exemple. Vous avez méprisé la vie présente ; nous devons la mépriser aussi, pour mériter de voir éternellement notre divin Ressuscité dont la vue fait vos délices. Le combat diffère peut-être, mais la récompense qui nous attend doit être immortelle comme la voue. Plutôt que de trahir le Christ, vous avez donné votre vie ; notre devoir n'est pas différent du vôtre ; car nous devons comme vous préférer la mort au péché. Soutenez-nous, ô saints Martyrs, afin que nous honorions par notre vie cette Pâque qui nous a régénérés.