Sainte Euphrosyne vécut sous le règne de Théodose le Jeune (vers 4 10). Elle était la fille de Paphnuce, égyptien d'une immense fortune, à qui il ne restait plus que cet enfant après la mort de son épouse. A l'heure de son mariage Euphrosyne se coupa les cheveux à l'insu de son père, revêtit des habits masculins et partit pour se retirer dans un monastère de moines, se faisant passer pour un eunuque du nom de Smaragde. Brûlante du désir de s'unir au Christ, elle se livra avec ardeur à tous les combats de l'ascèse, si bien qu'après peu de temps il eût été impossible de soupçonner que ce visage émacié et ce corps desséché étaient ceux d'une délicate jeune femme. Elle brilla ainsi pendant trente-huit ans comme une pierre précieuse au milieu de cette image de la Jérusalem céleste qu'était le monastère. Elle demeura d'abord quelque temps au service d'un ancien dans l'obéissance et l'humilité. Mais le diable, furieux de voir ainsi une jeune fille non seulement résister à toute ses attaques mais encore vaincre la faiblesse de sa nature, poussa certains moines à jalouser sa vertu et tenta d'en scandaliser d'autres par sa beauté et le charme de sa nature, que les travaux de l'ascèse ne parvenaient pas à cacher. Elle se retira alors dans une cellule solitaire, sans jamais en sortir, tout entière tendue vers Dieu et plaçant chaque jour de spirituelles ascensions dans son coeur. Au bout de trente-huit ans, elle tomba malade. Nombreux furent ceux qui vinrent alors à son chevet attirés par sa réputation de sainteté. Parmi eux se trouvait Paphnuce, que rien n'avait pu consoler de la perte de sa fille. Assurée par Dieu que le moment était venu pour elle de s'en aller vers les demeures éternelles et voulant apporter à son père une consolation au déclin de ses jours, elle lui révéla sa véritable identité, lui recommanda de laisser au monastère l'héritage qu'il lui avait réservé et de se charger de ses funérailles, puis elle remit son âme à Dieu dans une grande paix. Frappé de stupeur, Paphnuce tomba à terre comme mort. Revenu à lui et comprenant que c'est un péché de pleurer ceux qui sont partis de cette vie de douleurs pour gagner la vie éternelle, ses larmes se changèrent en joie. Il abandonna tout ce qui le retenait au monde et revêtit lui aussi l'habit monastique, afin de suivre les traces de sa fille et de la rejoindre dans la joie des élus. Il se retira dans la cellule même où elle avait vécu, et après dix années de vie vertueuse et agréable à Dieu, il s'endormit à son tour dans la paix.




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