Sainte Pttlchéi'ie offre à noire admiration un illustre modèle de toutes les vertus, au milicia de l'éclat des grandeurs et dans les plus cruelles épreuves de l'adversité. Elle eut pour aïeul Thêodose le Grand; pour père, l'empereur Arcade, et pour mère, Eusdoxie. Elle vint au monade ers 399. Flaccile, sa soeur aînée, mourut en bas âge. Ses deux autres soeurs, Arcadie ci Marine, sétoisont plus jeunes qu'elle.
Ana-cade, prince faible, qui fut toujours gouverné par sa femme et par ses eunuques, mourut le 4,°~ mai 408, après un règne de trente ans et de quelflues mois. Il laissait un fils, âgé de huit ans, auquel il désigna pour tuteur Anthime, l'un des hommes les jalus sages de l'empire, et qui avait été Constamment attaché à saint Aphi'a'ate et à saint Chrysostome. Pulchéa-ie, qui était presque aussi jeune que son frère, montrait déjà un grand fonds de sagesse et dit piété. Enfin, lii 44 juillet 444, elle fut déclarée Augl3ste, peur partager la dignité impériale avec sou frère; et elle se chargea elle-même du soin dc son éducation, quoiqu'elle n'eût que deux ans de plus que lui. Les heureuses dispositions qu'elle avait reçues de la nature suppléèrent en elle au défaut d'expérience. Elle mit auprès de son frère les maîtres les pius habiles et 1cc plus vertueux, et s'appliqua surtout à lui inspirer de grands sentiments de piété, dans la persuasion où elle était que les plus belles qualités sont inutiles, et souvent dangei'euses, sans la religion. Elle lui apprenait à prier avec ferveur, à aimer tout ce qui avait rapport au culte divin, et b. défendre avec zèle la doctrine de l'Eglise catholique. En un mot, on peut dire que le jeune prince fut redevable à sa soeur de tout ce qu'il y avait de bieci en lui et que ce fut sa faute, ou celle de son earactèa'e, s'il ne parut point orné d'un plus grand nombre do belles qualités.
E'uichério prit également soin de l'éducation des cieux soeurs qui lui restaient, et elle eut la consolation de les `voir constamment suivre le parti de la vertu. Cc ne fut que te désir de la perfection qui la déteL'lxlina.à l'aire

voeu de virginité. Ses soeurs l'imitèrent et eurent part ~ toutes ses bonnes oeuvres. Elles mangeaient toutes trois ensemble et faisaient conjointement leurs exercices de piété. Elles employaient ce qui leur restait de temps à des études sérieuses et utiles, ou à des ouvrages propres à lehr sexe. Pulchérie ne les quittait que quand les affaires de 1'Etat l'y obligeaient, et elle trouvait le moyen de se faire partout une solitude dans son coeur. Elle, pratiquait des mortifications et des austérités inconnues dans les cours des princes. L'entrée de son appartement et de celui de ses soeurs était interdite aux personnes d'un sexe différent, tant la pieuse princesse craignait jusqu'à l'ombre même du danger. Elle ne voyait les hommes et ne leur parlait qu'onu publie. Le palais impérial, sous sa conduite, offrait IR régularité d'un cloître. Semblable à Moïse, elle consultait Dieu dans toutes les affaires qui survetuaient, et ne se décidait d'ailleurs qu'après avoir pris l'avis des personnes sages et vertueuses qui composaient son conseil. Ses résolutions étaient toujours le résultat des délibérations les pins mûres; elle donnait des ordres en conséquence, et les faisait exécuter avec promptitude, observant de n'agir qu'an nom de son frère, afin qu'il eût l'honneur de toutes les entreprises qui ne manquaient point de tourner à la gloire de l'empire.
(in admirait eu elle une connaissance peu commune de la langue grecque et de la langue latine ; elle savait parfaitemeait l'histoire, et était versée dans les différentes parties de la littérature. Elle se déclara la pi-otectrice des sciences et des arts, commue l'ont toujours fait les princes qui avaient l'âme grande et qui avaient une juste idée de l'excellence de l'esprit humain.
Loin de l'aire servir la religion à la politique, elle rapportait à la prière toutes ses vues et tous ses projets; aussi ne manquait-il rien ais bonheur de I'Etat. Elle savait préveasir toutes les révoltes que les diverses passions auraient pu exciter; elle entretenait la paix avec les puissances voisines et travaillait à étendre la connaissance du vrai Dieu dans les endroits de I'Etat oh il n'était point encore adoré. Enfin la vertu ne brilla jamais en Orient d'un picas vif éclat, les peuples ne futent jamais plus heureux, et le nom romain ne fut jansais plus respecté, même des Barbares, que quand Pulchérie tint les rênes du gouvernement.
Théodose, sou frère, ayant atteint sa vingtième année, elle pensa à lui trouver une épônse digne de lui, et jeta les yeux sur Athénaïs. C'était la fille d'uni philosophe athénien, et elle avait reçu une excellente éducation. Etant venue à la cour pour y faire casser le testament de son père qui l'avait déshéritée, elle y fut universellement admirée pour sa beauté, son esprit et ses belles qualités. Enfin cette admiration alla si loin, qu'on la jugea digne de devenir l'épouse de l'empereur. Comme elle avait été élevée dans le paganisme, elle reçut d'abord le baptême, et quitta son nom pour pt'endre celui d'Fludoxie. La cérémonie de son mariage se fit le `7 juin 421. Deux ans après, Théodose la déclara Auguste. Il n'y avait cia jusque-là aucun changement dans l'administration des affaires; Pulchérie en était Loujours le principal mobile. Mais le pouvoir de celte princesse donna bientôt de l'ombrage à Eudoxie; celle-ci conçut de violents mouvements dc jalousie contre sa belle-soeur, et elle y fut entretenue par les intrigues de l'eunuque Chrysaphius, qui était le favori de l'empereur.
Après la condamnation de Nestorius dans le concile qui se tint à Ephèse en 431, Eudoxie et Chrysaphius firent jouer mille ressorts pour perdre Pulchérie. L'empes~einar, naturellement faible et indolent, n'entra pas d'abord dans leurs vues, mais il se laissa gagner à la fin et ordonna à saint Flavien,

patriarche de Constantinople, de faire Puicliérie diaconesse de son Eglise. Le saint évêque apporta les plus solides raisons pour se dispenser d'obéir; on refusa do les écouter. Voyant donc le prince fortement attaché à sa première résoluticun, il se retira et promit de revenir à la cour dans un temps marqué ; mais il fit avertir secrètement Puichénie de ce que ses ennemis tramaient contre elle. Cette princesse se retira à la campagne, dans le dessein d'y passer le reste de ses jours dans le silence et l'obscurité. Sa retraite, qui arriva en 447, fut une source de malheurs pour l'Etat et pour 1'Eglise. Eudoxie et Chrysaphius, pour satisfaire leur ressentiment, devinrent les persécuteurs de saint Flaviems; ils se déclarèrent on faveur d'Eutyehès, dont les (trreurs avaient été condamnées; ils prirent le parti de Dioscore et des autres Eutychiens, et les protégèrent dans tous les actes de violence et de fureur qu'ils commirent en 449, au brigandage d'Ephèse. k leur instigation, Théodose publia un édit par lequel il approuvait tout ce qui avait été fait par les hérétiques.
Pulehérie remerciait Dieu de la tranquillité dont elle jouissait dans sa retraite, et ne s'y occupait que des exercices de la religion.. On ne l'entendait se plaindre, ni de l'ingratitude de son frète, ni des violences de l'impératrice, qui lui était redevable de son élévation, ni dc l'injustice des ministres. Elle voulait oublier le monde et en être oubliée, s'estimant heureuse de pouvoir librement converser avec Dieu et méditer sa loi. Si quelque chose la troublait, c'était la pensée des dangers qui menaçaient l'Eglise et l'Etat; elle se sentait encore touchée de compassion pour son frère, qui, par un excès de crédulité, se prêtait aux vues des méchants.
Cependant [e mal allait toujours en croissant, et il fut bientôt à son comble. Pulchérie en était pénétrée de douleur, et le pape saint Léon la pressait par ses lettres de travailler à y apporter un prompt remède. Enfin elle résolut de sortir de sa retraite et de faire un dernier effort pour sauver l'Etat et t'Eglise. Elle se rendit àIa cour, et demanda une audience à l'empereur. L'ayant obtenue, elle lui parla avec tant de force, qu'il ouvrit les yeux sur-le-champ. Aussi indigné qu'effrayé à la vue du précipice dans lequel on l'avait jeté, il disgràcia Chrysaphius, et le relégua dans une île, où il fut mis à mort en punition de ses crimes. Théodose étant mort le ~9 juillet 450, Eudoxie se retira dans la Palestine où elle finit ses jours.
Pulchérie devint, par la moi-t de son frère, maîtresse de l'empire d'Orient. Pour affermim' son autorité, elb3 crut devoir la partager avec Marcien, né en Illym'ie. C'était un homme très-versé dans le métier de la guerre, et qui joignait à une connaissance profonde des affaires, un zèle ardent pour la foi catholique, une rare vertu et un amour extraordinaire pour les pauvres. Il était veuf, et avait eu de son premier mariage une fille nommée Euphémie, laquelle épousa Anthème, qui fut depuis empereur d'Occident. Pulchéric, en liai offrant sa main, lui déclara le voeu qu'elle avait fait de vivre dans la virginité, et il fut convenu entre eux que le mariage n'y donnerait aucune atteinte. Ces deux grandes émues, concourant au même but, ne s'occupaient que des moyens de rendre leurs sujets heureux et de fait-e fleurir la religion et la piété.
Sai:ut Léon ayant envoyé quatt~e légats à Constantinople, l'empereur et l'impératrice le,s reçurent avec autant de joie que d'affection. Leur zèle pour l'orthodoxie leum mérita de grands éloges de la part du saint Pape et de colle du concile général de Chalcédoine, qui condamna l'eutycliianisme en 451. Ils employèrent toute leur autorité pour faire exécuter les décrets de ce concile dans tout l'Orient; mais ils éprouvèrent de grandes difficultés

en Egypte et en Palestine, à cause de l'opiniâtreté des Eutychiens qui étaient dans ces contrées. Pulcbérie écrivit deux lettres, adressées l'une à des moines, et l'autre à une abbesse de Palestine, pour dissiper les fausses idées qu'on leur avait données des Pères de Chalcédoine; elle y prouvait que le concile, loin de faire revivre le nestorianisme, le condamnait avec l'euty. chianisme qui y était opposé.
Cette pieuse princesse fit un grand nombre d'établissements utiles et fonda plusieurs hôpitaux auxquels elle assigna des fonds considérables. Entre autres églises qu'elle bâtit, on en distingue trois qui furent dédiées sous l'invocation de la Mèm-e de Dieu celle de Jflaques'na, celle de Citalcopratu-m et celle de liodegus. Elle plaça dans la dernière la célèbre image de la sainte Vierge, que l'itiipé~atrice Eudoxie lui avait envoyée de Jérusalem, et qu'on regardait comme t'ouvrage de saint Lue. Les affaires de l'Etat ne l'empêchaient point de conserver la ferveur; tous les moments qu'elle pouvait dérober aux fonctions du gouavernetienl, elle les employait à prier, A. lire, à visiter et à sem-vir les pauvres de ses propres mains. Elle fut, au rappoil de Sozomène, favorisée de plusieurs grâces extraordinaires; et ce fut en conséquence d'une vision qu'elle fit faire une translation solennelle des reliques des quarante maityas, que l'oas u-eiaferuua dans une châsse magnifique. Le même historien, qui fut témoin oculaire de la cérémonie, ajoute que le peuple y assista avec la plus grande dévotion, et qu'il s'empressait de faire toucher aux saintes reliques des linges et d'autres choses semblables.
Pulchérie, ayant été pendant sa vie la protectrice de l'Eglise et la mère des pauvres, donna par son testament li l'une et aux autres tous les biens dont elle pouvait librement disposer. Enfin, si l'on considère ses actions e ses vertus, on conviendra qu'il tfy e nulle exagém-atiun dauus les louanges qu'elle reçut de saint Procic, de saitst Léon et des Pères du concile de Chalcédoine. Elle mourut le 10 septembre 433, dans l-a soixante-neuvième année de son âge.
Maa-cien exécuta ponctuellement le testament de son auguste épouse. Il continua les bonnes oeuvt-es qu'elle avait commencées, et se montra le fidèle imitateur de toutes ses vertus. li lui fut réuni dans le ciel, le 26 janvier 457, dans la soixante-cinquième année de son âge et la septième de son règne.




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